Chronologie d'un désastre annoncé :
L'exeptionnelle saison 2001/2002 est-elle en partie responsable du bazar que connait la marché de la csj cette année ? Bien souvent, la pêche c'est transformée en curée, sans aucun encadrement, ni controle. Cette déreglementation volontaire ou involontaire des administrations de tutelle a eu pour effet de remplir les frigos et surtout de vider les caisses qui servent à alimenter l'aide à la congélation ?
Déc 2001 : nos sommes nombreux à dénoncer les débarquements sauvages et incontrolés notamment lors de la campagne Baie de Seine.
Janv. 2002 l'arrière saison est prolifique, l'OPBN intervient sur des tonnages importants. A St Brieuc s'est la même chose.
Juillet/aout 2002 : La campagne comor 32 fait état d'une ressource faible et paradoxalement l'OPBN fait part de ses inquiétudes pour le début de campagne 2002, l'idée de retarder l'ouverture est proposée.
Dans le même temps le marché est inondé de noix d'importation écossaises et autres distribuées à bas prix. Les frigo des transformateurs sont remplis des noix de la fin de saison 2001/2002.
Début septembre, réunion à Ofimer pour parler des problèmes de commercialisation à prevoir en octobre.Quelques bateaux HN font de l'esbrouffe dans le bassin de Dieppe.
L'idée de différer la date est rejeté.
La commission csj du CRPBN se réunit et propose le report de la date d'ouverture et une vraie fermeture des 4 week-end. En HN évidemment c'est niet !
L'Admistration tranche mollement, ouverture le 1/10, week end fermés, que, jusqu'au dimanche soir. Demi-mesure !
1ère semaine de pêche : l'OPBN avale puls de 85 % des csj sous criée, reunion-catastrophe pour fermer la pêche 12 h de plus. Le Havre fait toujours dans la 1/2 mesure.
On ferme donc la peche le jeudi à 24h, à la place du vendredi 12h. 2 demi mesures = 1 mesure...
Pour les ventes de gré à gré, la csj se brade entre 12/14 Fr. De nombreux controles laissent apparaitrent des infractions, beaucoup de depassement de quota.
L'OPBN baisse son prix d'intervention, le From Nord menace de laisser aller le prix ! Aucune proposition intelligente côté HN, on parle de fermer une journée en milieu de semaine, de travailler le w.e. ! Tout ça pour alimenter quelques industriels, qui ne sont pas préssés d'acheter cette coquille qui n'est pas coraillée, en plus ils en ont et le prix est à la baisse. Alors ces messieurs appliquent le bon vieux "wait and see".
2ème semaine : même schéma, re-réunion urgente on propose encore 1/4 mesure on demande à fermer le lundi jusqu'à 12 h. Refus des HN. Dans tous les cas avec un arrété qui sort 8 jours après, tout cela ne sert strictement à rien.
Durant cette semaine le From ne soutient plus que 20% de la peche débarquée en criée, si le reste de produit est invendu, le cout de destruction est facturé ! Les pecheurs quittent les criées HN et bradent à n'importe quel prix jusqu'à moins de 10 Frs.
Sous les criées bas normandes le prix est maintenu. (excusez les fr., c'est plus parlant!)
3ème semaine, le vent et le mauvais temps calment la peche et les esprits. En HN, les pecheurs prennent la mesure du problème.
4éme semaine, du vent toujours du vent. Le marché en frais démarre. La csj prend du prix en fin de semaine. Le président Masson (CRPHN) déclare qu'il faut ouvrir la csj toute l'année !
Avec un peu de recul, on s'aperçoit que les quantités retirées du marché sont les mêmes que l'année dernière, que finalement la csj reprend du prix, qu'une différence, à la vente en criée, est faite entre la csj du proche extérieur coraillée et qui présente un tres bon rendement et celle du large beaucoup moins satisfaisante en terme de qualité.
Y a-t-il eu vraiment une crise ?
Pourquoi les OP ont-elles été incapables de gérer ce problème ?
Pourquoi a-t-on baissé si vite le prix d'intervention ?
Cela n'était-il pas juste un petit probleme d'aide à la congélation ?
Pourquoi aucun financement public n'a-t-il été débloqué ?
On lit dans la presse que l'OPBN n'est pas inquiéte pour l'ecoulement des stocks.
Qui, à part les pêcheurs, va supporter ce début de campagne catastrophique ?
Quelle role pour Ifremer ? Quel discours tient cet organisme auprès des autorités maritimes ?
Allons nous livrer cette pecherie aux industriels du "prédigéré" ?
Allons nous mettre en oeuvre des décisions pour preserver une pêche artisanale avec des bateaux "à dimensions humaines" en Normandie ?
Ou, sommes nous prêts à sacrifier ces flotilles sur l'autel de la seule rentabilité économique et d'un calme social relatif, que pourrait apporter l'exploitation par 1 ou 2 gros armements de la csj ?
Quelle gestion pour une exploitation durable de cette indispensable ressource, qui reste, faut-il le rappeler, la 1ère espèce débarquée en criée et qui induit le 1er poste d'achat de materiel dans les coopératives ?
Quel place pour le Label Rouge de Normandie Fraicheur Mer dans cette gestion ?
Les pêcheurs normands sont certainement plus en danger que la coquille. Espérons que la raison et le bon sens l'emporteront.
Ces hommes qui bataillent la mer pour la sainte coquille méritent respect et reconnaissance. On leur doit aussi une juste rétribution à la hauteur de ce travail, car peu de personnes accepteraient de travailler dans des conditions similaires. Alors que ceux et celles qui prennent des décisions, légifèrent, discourent, commercent au sujet de la coquille St jacques, n'oublies jamais que chacun de ces coquillages est passé dans la main d'un matelot. Un homme qui a laissé, à genoux au milieu de son tas de cailloux, beaucoup plus que sa sueur pour extirper ce coquillage.
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