Ca se passe au XXI siecle, chez nous, pas dans des pays lointains où les gens n'ont rien et vivent au jour le jour. Vous savez ces gens démunis que l'on voit dans des émissions à la prise de vue soignée où on se demande, si ce sont des reportages touristiques ou de véritables enquetes sociologiques.

Là, cela se passe chez nous, les civilisés franchouillards. On a oublié que dans notre pays il n'y a pas que les agriculteurs vieillissants du journal de 13h de tf1 ou des gens qui vont "au bureau".Il reste aussi une autre race, en voie de disparition, "ceux qui vont sur la mer", les pêcheurs.

Donc, depuis l'ouverture de la coquille, les pecheurs sont en harmonie avec l'image d'Epinal que le grand public se plait à s'imaginer. Ils sont courageux et téméraires, bataillent la mer en quete de la Sainte Coquille.

Oui, il n'a pas fait beau et après un été très calme, la mer nous a rappelé que nous n'étions que tolérés dans ce milieu hostile, à bord de nos petits bateaux, ballotés de tout bord sans répit . Je me demande ce qu'on a pu faire pour meriter pareil traitement pendant 3 semaines !

Un paquet de mer par ici, un par là, le bateau qui accule, qui recule, les matelots qui tombent sur le pont au coup de mer, les grages qui s'engagent dans le portique, Le pont plein d'eau, les bottes aussi, mon chocolat sur la table, la tasse éclatée par terre, le bifteck collé sur la cloison, les oeufs dérrière la gazinière !

Dans ce cas-là, rester zen et se dire que finalement ce n'est que de l'eau qui bouge....
Alors qu'importe le temps, dès l'ouverture, le 6/10 à 0H00, on a mis bas le matériel pour gratter des coquilles. Même si c'est encore trop tôt, même si le prix n'a pas toujours été au rendez-vous.

Nous n'avons pas trouvé ce que nous espérions, cette fameuse tache en limite était bien là, mais d'une densité faible. Un peu trop optimistes les conclusions d'Ifremer, où un peu trop alarmistes, pour eviter l'engorgement ? Avec 3.70 euros la 1ère vente était correcte, effet primeur. Après dans le courant de la semaine ce fut moins bien. Après les premiers 15 jours, avec des apports contenus par le mauvais temps et le fait que de nombreux bateaux avaient remis "au poisson", le marché de frais s'est developpé.

Cette année la coquille se vend entre 3 et 5 euros, pas de produit retiré pas de produit congelé. Et les riverains qui viennent sur le quai chercher un peu de csj sont plutôt déçus, trop chère ! On s'habitue bien à la coquille à 15/20 frcs ;)). Les pessimistes, qui nous prévoyaient un remake de 2002, se sont mis le doigt dans l'oeil. Preuve, s'il est besoin qu'un marché bien organisé, ça marche.

Alors, pourquoi, ça se vend. IL est difficile de faire la part des choses, mais sans aucun doute le travail de fond fait sur la coquille depuis maintenant 5 ans par Normandie Fraicheur Mer porte ses fruits. L'effet lancement médiatique de la saison, les mareyeurs qui previennent leur clients, la campagne Ofimer début octobre, la météo qui lisse et modère les apports, voilà une belle synergie. Je l'ai dit, mais je le répète, une filière pêche organisée, c'est aussi une filère qui gagne de l'argent. On a su créer l'envie, imprégner l'inconscient, mettre en place dans l'esprit des consommateurs de petits capteurs, des "cookies", qu'il ne restait plus qu'à réveiller...
C'est peut-etre bien pour Matrix IV, ces histoires !

Maintenant, reste à transformer l'essai avec le Label Rouge appliqué à la csj, normande et de qualité supèrieure. Le mareyage est dans les starting block, à effectif renforcé. La belle se fait attendre. En pleine phase de réplétion, elle se refait une beauté, en peaufinant les couleurs de sa gonade. Elle sera prete pour le 17 novembre 2003, espérons-le.