Ph. Marcel Mochet AFP
Bilan intermédiaire 2005/2006
Ph. Marcel Mochet AFP
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La surabondance a mis en exergue, par effet loupe, la faiblesse de l'organisation de la pêche et de la commercialisation de la CSJ
Avec mon dernier papier, je vous avais déjà fait part, avec le suivi de la campagne, des difficultés de marché et du problème du DSP, l'algue qui donne mal au ventre...
Le reste de la campagne fut à l'avenant, le "dino" a continué à jouer au yoyo puis finalement le froid lui a porté le coup de grace. J'en avais un peu marre de refaire des cartes toutes les semaines, alors j'ai zappé. On a eu droit à quelques moments de bravoure comme ce lundi où des pecheurs affolés demandaient à travailler plus longtemps dans une zone qui venait juste de réouvrir, alors qu'ils n'avaient pas encore mis en pêche... Effectivement ils avaient raison, bien que fermée, la zone etait déjà "grattée", délit d'initiés!
Notre petite guéguerre stérile et stupide entre haut et bas normands a pu continuer sans problème. Il est affolant de voir à quel point les commissions réprésentent nullement la majorité des professionnels. Les commissions sont noyautées soit par des extrémistes, soit par des retraités pour qui toute réglementation est néfaste et inutile. Et bien souvent, en réunion, c'est l'ane qui crie le plus fort qui a raison. Les pecheurs modérés qui souhaitent une peche gérée et organisée, bien que largement majoritaires, n'osent pas s'exprimer. Le discours, très souvent négatif à l'égard de la politique européenne des pêche, n'arrange rien. Il est pourtant illusoire de penser que l'on vit mieux sans organisation.
Je l'ai déjà dit et je le répète plus une pecherie s'organise, mieux elle s'en sort et le niveau de vie des pecheurs augmentent. On peut prendre pour exemple la Baie de St Brieuc et plus loin, dans un autre système les pecheurs japonais, australiens.
Mais nos papy boomers, qui ont connu une peche sans reglementation ou presque, le developpement des techniques de peche, la montée en force des organisations et aussi la rarefaction de la ressource, n'arrivent pas à s'en remettre. Il faut que cette génération pour qui la peche ressembla quelque fois à la ruée vers l'or, laisse sa place pour que le "pecheur nouveau" puisse enfin s'exprimer et prenne en main son avenir et ses reponsabilités.
Vous connaissez le sketch de Jamel sur sa mère qui apprend à la télé que LePen est au 2ème tour des présidentielles. A la peche, il suffit de dire : "politique européenne des peche, amendes et GO", pour entendre crier, on va tous mourrir !!!. Alors oui il y a problème, mais on va réagir se prendre en main et restructurer cette profession. D'autres sont passés par là, l'agriculture en particulier et s'en sont sortis. Ce qu'ils nous faut c'est garder le caractère artisanale de ce métier et notre savoir faire diversifié.


Dans un tel foutoir, la marge de manoeuvres des organisations professionnelles est réduite à néant.

Alors, et l'effet loupe, au rien de bien nouveau qu'il n'ait été déjà dénoncé ici. Tout d'abord je rappelerais volontiers que cette saison fut exeptionnelle, par la quantité et aussi par la météo, 3 mois consécutif de beau temps en pleine hiver, c'est du jamais vu de mémoire de grageux. Il faut aussi féliciter les consommateurs, ils sont capables d'en manger beaucoup, mais vraiment beaucoup. Ce produit a un potentiel énorme sur le marché français. Pas la peine de nous faire le coup de l'importation, quand la csj est française et de qualité, elle se vend et très bien. 3 fois une année normale en terme de tonnage certes, mais pas un CA multiplié par 3.Individuelllement cela reste une bonne saison, car les frais d'exploitation furent limités. Voilà une piste pour l'avenir, diminuer les temps de pêche grace au maintien d'un bon niveau de ressource. Le temps exeptionnel a permis à toutes les catégorie de bateaux de travailler régulièrement. Il faut aussi préciser que l'on ne saura jamais ce qui a été péché, car à part les chiffres des criées, qui sont publiés, le reste est en attente de traitement statistiques avec 3 ans de retard, en plus, c'est sans compter le marché parallèle.

Les pêcheurs sont comme hébétés. Une telle quantité parties si vite à un prix dérisoire, on est passé à côté de quelque chose de bien...

Le plus flagrant est le problème des quotas. faute de points de débarque dument controlés, faute de garde juré, les quotas sont un voeu pieux. Et toute cette csj, non officielle, est bien souvent bradée sur des marchés parallèles à bas prix.
Le prix de retrait de 2.35, qui n'était meme pas celui du prix de marché, puisque la coquille en gré à gré, c'est négociée de 1.8 à 2, avec un vendredi noir avant Noel à Rungis où des mandataires débordés proposaient la normande à 1.50 ! La commercialisation est trop absente du débat, on le dit souvent. Mais les mareyeurs sont dans une situation ambigue, puisque beaucoup profitent et abusent de cette désorganisations, difficile dans ces conditions de venir faire la morale aux producteurs.
Mais il y eu pire, du retrait destruction. Oui destruction des 8 T à Fécamp qui furent bien médiatisées et 26 t à Dieppe qui le furent moins. Oui on a détruit au XXI siècle de la CSJ qui ne trouvait pas preneur, oui on a peché pour détruire, oui j'ai honte. A la question fallait en plus méditiser cela, je répond non. Franchement depuis 7 ans qu'on se décarcasse pour donner une image valorisante du produit et des pratiques de peche, on avait vraiment pas besoin d'une telle contre publicité. Alors que le capital sympathie du pecheur aupres du public commence à s'éfritter, que le consommateur est demandeur de pratique écologique sur le milieu naturel, cela fait tâche! Il y avait je pense d'autres moyens pour faire comprendre aux professionnels que la situation était grave, que d'étaler cela dans la presse écrite et télévisuelle. La communication en interne doit trouver d'autres vecteurs

Une vraie interprofession au niveau national et un schéma d'exploitation annuelle, voilà ce qui manque à la coquille !

Le dino, invité surprise, et la surabondance, prevue de longue date, n'ont pas été intégrée par la commercialisation. Tout s'est vendu, oui, mais à quel prix. Le manque cruel d'une interprofession nationale de la CSJ s'est fait sentir. La surabondance normande n'a pas été sans répercussion sur les autres gisements, jusqu'aux micro gisements comme Quiberon et leur 300T qui ne trouvait plus à vendre. Où est le grand portail réel et virtuel des produits de la mer en France, ou est le grand "Norge" français ? Où est passé cette "maritimité" que l'on devait retrouver ? Qui aura le courage de reprendre la lecture de l'audit sur la coquille et de mettre autour d'une table un groupe de travail.
Alors quelles pistes pour le prochaine saison ?
- Définition d'un schéma annuel d'exploitation avec un Tac et des Quotas par gisement
- Suppression des quotas individuels remplacés par des horaires mieux ciblés et respectés.

- Mise en place d'une taxe ad valorem pour tous les producteurs et mareyeurs dédiée à la surveillance des gisements et à la valorisation du produit
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Mise en place d'une balise VMS dans tous les bateaux pour la surveillance sanitaire des zones et les horaires de peche.
- Limitation des points de débarques avec enregistrement et pesée obligatoire.
- Mise en place des notes de ventes.
- Arrêt de la pêche en fonction des marchés, par exemple du 1 au 15/01.
- Mise en place d'un groupe de réflexion permanent, mon petit doigt me dit que cela va voir le jour...
Ca suffira pour aujourd'hui... ;-))

Omnivore Food # au Havre et le Salon de l'Agriculture deux façons bien différentes d'aborder la coquille St Jacques

Le SIA vient de fermer ses portes. La plus grande ferme de France accueillait encore cette année la pêche. Pourquoi faire ? Je ne sais pas...L'année dernière, j'avais bien senti que les agriculteurs faisaient semblant. Semblant d'y croire, de croire encore à cette grande agriculture nourricière, pas aux grands lobbyes de l'agroalimentaire, mais à l'agriculture rurale, paysanne. Celle qui est pratiquement disparue...
Cette année ce sont aussi les visiteurs qui font semblant, on se plait à rever à cet agriculteur dans sa ferme, avec ses vaches, poules, lapins, pommiers, cidre et douceur de vivre. On veut retrouver ses racines, retourner à la terre, on nous dit que l'on a de la chance, nous, les provinciaux...C'est certainement pour cela qu'on attend plus de 3 millions de personnes sur le littoral dans les années à venir. Alors vous vous etes goinfrés de coquilles marinées, praires crues, huitres et bulots. Vous avez mis vos gamins à crayonner sur le stand Ofimer, il n'y avait rien d'autres à y faire, vous avez joué au jeu bébette sur le stand du ministère sans trop y croire, c'était un peu long pour avoir son petit cadeau, puis vous etes repartis les jambes lourdes et les oreilles cassées reprendre une grande bouffée maladorante de litière rechauffée chez les bovins et vous etes rentrés chez vous avec votre truc en plastique, fiches recettes et le dessin du gamin qui sait meme maintenant que les poisson sont souvent ronds avant d'etre carrés.

A l'Omnivore Food Festival #1 du Havre, c'est pas la meme musique ici on fait que dans le transformé, on déstructure, on recompose, on invite aux voyages, on vous fait rentrer dans l'imaginaire du cuisinier que cela vous plaise ou non, on trempe tout dans l'azote liquide et on a toujours "quéquéchoze d'immmportannté à vous dirrré" comme dirait Ferran Adria le célébrissime chef d'El Bulli le retaurant espagnol. Alors on y est venu sur la pointe des pieds avec nos coquilles, on les a présenté à plein de grands chefs, Alain Ducasse, Thierry Marx, Gilles Choukroun, Jean-Luc Tartatin, David Zuddas, Jean-François Piège, Nicolas Pourcheresse, Antoine Westermann, Fulvio Pierangelini, Pierre Hermé,..., et Michel Bras qui s'excuse de faire de la Erquy, tous amoureux des bons produits et des petits producteurs... On les a faites cuisiner par Ph. Hardy du Mascaret dans la Manche, on en a donné quelques unes à des petits jeunes pour faire un concours. On s'est inspiré, on a humé l'air du temps et les casseroles, on s'est ressourcé, on a pris du plaisir, on a gouté au vin, on est reparti un peu étourdi sans faire de bruit, convaincu que l'on reviendra avec plus de conviction !