Le Sia, le Sirest, le Cnca, le Seafood :
La peche au Salon de l'Agriculture, bof, pas vraiment à son aise le marin, les bottes bleues dans la paille et la bouse...
Un stand tout neuf, partagé avec les ostréiculteurs de Basse Normandie, dans le hall3. Avec les assureurs, les baobabs à 5 € en sachet, l'Ofimer, les sécateurs magiques, le ministere de l'agriculture, de la peche, de l'alimentation... et des affaires rurales, les vérandas, le bio, le vin, l'office national des forets...Au milieu du stand normand une grosse soucoupe volante contenant un échantillon des coquillages que vous offre notre généreuse Normandie. Généreuse et consensuelle, parce que pour aller au Salon il faut positiver, faire rever le visiteur. Lui faire gouter nos merveilleux produits de la mer, oui s'il n'y a rien à déguster notre aimable visiteur passe son chemin ! Quel ingrat...
On peut aussi visiter béat la plus grande ferme de France. C'est pas mon style. Cette année le SIA "m'a gonflé". J'ai du me lever du mauvais pied. Certes, je suis un mauvais coucheur. J'ai mauvais esprit, certainement. Je ferai mieux de la fermer, non !
Dans le hall d'honneur, le Hall 1, vous etes accueillis par une grande bouffée de chaleur odorante et par Mac Donals qui vous expliquera comment la multinationale accompagne les agriculteurs pour améliorer la qualité et pour le bien de l'humanité.
Le petit agriculteur devient caution de la toute puissante économie de l'agro-alimentaire. Et oui on veut encore nous faire croire que les vaches sont traites à la main, les oeufs sont pondus du matin et ramassés dans la paille, par une brave fermière avec un fichu sur la tete...
Sur la stand Ofimer, je découvre stupéfié un présentoir réfrigéré où trone une superbe barquette de St Jacques Stalaven. Argopecten du Chili, évidement ! Il parait que c'est normal, que ces industriels travaillent aussi des produits français. A l'Ofimer, on soutient tous ceux qui transforment des produits de la mer. Et ces industriels sont sans aucun doute l'avenir de la peche artisanale...
On nous remet un sac de plage en plastique bleu translucide qui contient des pacotilles à usage publicitaire. Une minuterie mécanique, du plus bel effet, surtout dans le train en plein "plan vigie pirate".... des sets de table et un superbe livret de recettes cofinancé par l'Ofimer et la CE. On y apprend comment accomoder les boites qui garnissent nos placards et en période de disette transformer une boite de sardines à l'huile et une boite de tomate, en une délicieuse tarte méditéranéenne, aucune tenue n'est précisée pour la cuisinière, dommage.
Je ne sais plus qui disait qu'il était pathétique de voir tous ces agriculteurs qui faisaient encore semblant d'y croire. J'y associe bien volontiers les pêcheurs.
Puisque l'on est dans les salons, pourquoi pas vous parler du Sirest. Le salon de la restauration, c'est la vitrine de Métro le grossiste pour les restaurants. La démarche est intéressante, Métro fait venir à leurs frais ses fournisseurs et à ses frais ses clients par cars entiers. Dégustations monstres, open bar, etc...C'est "food business" sous l'oeil attentif de Robluchon en grand maitre de la secte. Nous on y était pour le Concours National de Cuisine Artistique, produit a l'honneur la coquille St Jacques Label Rouge, et le veau élevé sous la mère. La mère avec un e et un accent grave, oui, il parait qu'il y a des gens qui demandent comment on peut élever des veaux sous la mer...
But, approcher les grands chefs avec nos joyaux. Les jeunes participants ont été convaincus. Espérons qu'ils deviennent d'actifs ambassadeurs de la coquille fraiche. A moins qu'ils ne se laissent aller à la mode du ciseau en ouvrant un sac de noix des USA et une boite de sauce Grand Chef Nestlé et hop le tour est joué 12€50 l'assiette.
Les grands chefs et les membres du jury, présidé par Robuchon, et Mme Loiseau suivie de près par son photographe attitré, ont-ils été aussi sensibles à la fraicheur des coquilles qu'aux chantres de la grande distribution ? Nous le saurons plus tard. Toujours est-il que nous sommes bien petits par rapport à ces industriels !
Au Seafood on trouve tout ce qui peut se pecher et s'élever en mer. Et à l'évidence tout se mange ! Le Seafood de Bruxelles, c'est le salon du saumon, de la crevette et des noix de pétoncles à l'echelle de la planète. La délégation française ne fait pas le poids. La puissance économique dans ce secteur des nordiques et des espagnols est impressionnante. Les vrais, les pecten maximus, sont les plus rares, j'en ai trouvé qui étaient distribuées à l'unité en congelé...Les dénominations trompeuses sont légions. Nous leur consacrerons une page. Quelques exemples ici, avec "Noix de coquilles St. Jacques des USA" , ou alors ces "2 coquilles Saint-Jacques au Chablis" qui vu la taille des noix sous la chapelure dans le creux de "vraies coquilles" ne doivent pas etre bien grosses ! J'ai même trouvé des mini coquille St Jacques, là aussi, j'aimerai que l'on m'explique, d'où proviennent ces vrais mini creux. Un fournisseur qui collecte sur tout le littoral français, nous disait que les Affaires Maritimes seraient bien inspirées de passer chez lui où tout est mesuré et calibré. Ils pourraient ainsi avoir le taux de hors taille débarquées port par port ;-)) !
Pour finir sa saison, la coquille s'est aussi invitée chez Lafayette Gourmet pour son inauguration, dans l'atelier cuisine. Même si nous n'avons pas vraiment vu les 400 journalistes invités à ce show très parisien, nous avons au moins pu visiter ce temple de la bonne bouffe et de l'art de la cuisine, reservé aux gens fortunés.
En conclusion, il ne faut pas se battre contre tous ces produits d'importation, mais donner à notre coquille une vraie identité pour la différencier sur le marché. Toujours la meme problématique à résoudre impérativement. Nos coquilles sont plus chères, oui, et alors ? Ce ne sont pas les mêmes produits et elles le méritent, non !
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