La récente actualité régionale ne fera qu'étayer mes propos, pas question ici "d'enfoncer" ou de mettre au pilori qui que ce soit. Chacun qu'il soit pecheur ou administratif prend ses responsabilités et les assument. Le pecheur avec les risques de sanctions qu'ils encourent en se mettant en porte à faux avec la réglementation et ses collègues, l'administratif, par son zèle ou son laisser-aller, décidera du rôle qu'il veut avoir dans ce "jeu de société".
On va se là faire à la Béatrice, notre charmante secrétaire du Comité Régional des Pêches, donc pour mémoire :
Lieux : on distingue 2 zones le Large et la Baie de Seine.
La Baie de Seine : il s'agit d'une bande de mer de 12 milles, soit environ 22 km, courant le long du Calvados et de la côte est du département de la Manche. Sa limite Nord bute sur l'agglomération du Havre. On est loin de la Baie de Seine au sens large, qui autrefois s'étendait sous la ligne Barfleur Antifer. Ouverture du 1/12 au 15/03, réglementation spécifique. Nombre de bateaux : 149 BN et 46 HN, qui possédent une licence
Le Large : tout ce qui se situe au large de cette bande jusqu'au côtes anglaises et en remontant sur Boulogne (voir carte). Ouverture du 1/10 au 15/05. 200 bateaux environ qui possède un Permis peche Spécial le bien nommé PPS.
Réglementation du Large :
Elle vise surtout un bon écoulement des csj. Ceci restant très relatif car du 1/10 au 15/11 beaucoup considèrent qu'il n'y a pas de débouché sur le marché du frais. Une grande partie de la production part donc chez les industriels, ce marché est soutenu par un système de contrat d'aide à la congélation géré par les Organisations de Producteurs. Vous retrouvez ces csj congelées pendant les fêtes.
L'augmentation de la taille des anneaux des grages assurerait la pérennité de la ressource, en évitant le pillage des petits sujets, ce qui serait une garantie pour l'avenir de la biomasse. Le recul de la date d'ouverture permettrait une meilleure valorisation des produits. Une diminution du nombre de jours de peche serait également souhaitable, fermeture tous les week-end par exemple.
Réglementation Baie de Seine :
Les impératifs commerciaux ne sont pas les mêmes. Ce qui manque à cette réglementation, c'est une véritable justification qui trouvera son essence dans la gestion de la ressource et la valorisation des csj et la défense des pêcheurs riverains fassent aux "envahisseurs" et opportunistes Hauts Normands.
On peut même aller plus loin. Tout comme à Saint Brieuc, la pêche à la coquille en Baie de Seine pourrait devenir un "art de vivre", une façon intelligente de pratiquer le métier en s'assurant d'un prix de vente toujours élevé et d'une ressource toujours disponible. On a bien le droit de rêver?.
Le sujet qui nous intéresse aujourd'hui ce sont les "fraudeurs" dont on parle beaucoup sur les quais, en réunion, à la télé, dans les journaux et au téléphone, mais peu à la VHF.
Qu'est ce qu'un "fraudeur" :
C'est un pecheur indiscipliné qui, dans ce cas, ne respecte pas les dates d'ouverture du gisement Baie de Seine et tape dans le gâteau avant ses petits camarades.
Qui fraude ? : il n'y a pas de profil type, il y en a dans tous les ports. Avec tout de même un nouveau type, le hors-port Malouins ou Granvillais, il n'a pas de licence pour travailler en Baie de Seine et se croit, de ce fait, au dessus des lois. Tous ces vilains sont aussi très souvent des récidivistes et leurs méfaits ne s'arrêtent pas à la seule pêche de la csj.
Pourquoi "frauder" ? :
La motivation première de ce geste indélicat c'est l'argent. Suivent afin la facilité : le gisement est moins loin et surtout la rapidité de pêche : le gisement offre de meilleur rendement.
Qu'est ce qui favorise la fraude ? :
L'absence relative de surveillance, l'inefficacité de cette surveillance, les sanctions dérisoires encourus par les contrevenants. En effet, l'administration rechigne à prendre des sanctions administrative sévère : saisie du bateau, caution, suspension de PPS. Quant au pénal, les contrevenants présentés souvent longtemps après leurs méfaits sont que peu sanctionnés 5000 F ou moins, ce qui en comparaison avec le produit de cette fraude est dérisoire. Le pecheur fait toujours "pitié".
En fait cette fraude commence dès que les taches du Large commence à s'épuiser et dès les premiers coups de vent de SW du mois de novembre. De plus cette année, une tache de csj était située à cheval sur la limite entre les 2 zones.
Pourquoi la fraude était-elle un problème :
Elle crée des distensions entre pêcheurs, ce qui ne favorise pas le développement d'une gestion rigoureuse et concertée de la ressource. Elle enlève aux petits bateaux qui arment à la csj au mois de décembre la ressource qu'ils sont en droit d'attendre. D'autre part, avec la recrudescence des ventes en direct (sans passer par la criée), il y a pas de contrôle des quantités débarquées et donc souvent dépassement de quota. On sait pertinemment que ces csj excédentaires sont payées beaucoup moins cher. Remises sur le marché à bas prix, elles dévalorisent le produit et déstabilisent le marché.
Le respect du gisement et des dates d'ouverture est le fondement d'une réglementation en Baie de Seine. Cette fraude démobilise beaucoup les pêcheurs qui souhaitent, et ils sont nombreux, une gestion efficace de la ressource. Elle pousse certain à demander une seule date d'ouverture, voir même, plus de règlement.
Comment améliorer la situation :
Pour appliquer efficacement la réglementation il faut plusieurs choses :
1. une volonté commune pêcheurs, CRPBN, Affmars et des élus
2. une surveillance efficace
3. un dispositif de sanctions rapide et dissuasif.
4. travailler à 2 niveaux : court terme administratif, long terme le pénal
5. la profession doit autofinancer une partie de la surveillance.
Surveillance efficace : une réunion pêcheurs, Affmars, CRPBN, Cross, Sémaphores, Douanes, Gendarmerie Maritimes permettrait d'améliorer le dispositif par une meilleure concertation entre ces services.
L'autofinancement (licences) par les pêcheurs de la surveillance de la zone doit être développé, c'est là notre apport personnel, notre volonté marquée pour une véritable surveillance.
Nous ne devons pas régler nous-mêmes ces problèmes de surveillance et de sanctions. La profession ne peut, comme tout citoyen, "se faire justice". Mais, elle doit montrer à sa détermination et son implication dans la gestion de la ressource .
Sanctions dissuasives : l'administration dispose d'outils, qu'ils soient mis en application.
Le CRPBN peut se porter partie civile au pénal en demandant dommages et intérêts comme l'avait souhaité la commission CSJ.
Conclusion : la pêche de la csj deviendra très vite une activité très contrôlée, assortie d'une licence coûteuse qui couvrira les frais de surveillance des gisements et controle de la peche, au réensemencement, etc. C'est une activité qui deviendra, pour la pêche côtière, essentielle et lucrative. La robustesse de cette espèce, son exceptionnelle fertilité, sa qualité sont des atouts dont nous devons profiter. En réglementant cette pêche, nous assurerons notre avenir en maîtrisant la ressource et son prix.
La pêche à la coquille pourra alors devenir un art de vivre !